Vous rencontrez Nicolas, et il vous annonce de suite « Moi, c’est Nico, Nico l’arboriste« . C’est que ce surnom lui colle à la peau comme l’activité à sa vie. Des heures de reportage passées à ses côtés, la majorité s’est déroulée la tête dans les branchages, à admirer le savoir-faire et la connaissance hors pair d’un expert des frondaisons, troncs et autres racines. Voici en mots et en images le parcours d’un arboriste-grimpeur pas comme les autres. Entre les solides bases des frênes, les essences toujours reverdies des cyprès, et la force inépuisable des chênes.
C’est en bouture qu’on redresse l’arbre (proverbe turc)
A 11 ans, Nicolas Albrecht est un petit ket. Son enfance se passe entre chez ses parents et ses grands-parents tout proches à Wezembeek-Oppem. Nicolas, c’est un petit ket, et comme tous les petits kets, il fait parfois « à rebours ». Son grand-père assez furieux de sa dernière lubie a décidé de le punir. Le jardin est grand, très grand. Il a besoin d’aide pour l’entretenir. La tâche est toute trouvée : Nicolas sera son assistant jardinier. Au moment où certains commencent à s’intéresser aux filles et à rêver de sorties, Nicolas se découvre aussi la passion des frondaisons. La tête dans les cimes, il pousse sa tondeuse de voisin en voisin pour proposer ses services. Pour l’un, l’entretien de la pelouse, pour l’autre la taille d’un rosier, pour le troisième, l’élagage de quelques branches.
Les cours l’intéressent peu, il préfère jouer de la bêche et du sécateur que de la craie. Une orientation vers des études en horticulture le feront passer de statut de cancre à celui de premier de classe. Imbattable en reconnaissance de plantes, il traverse ses humanités sans jamais ouvrir un des ses livres, juste animé par la passion et l’intérêt.
L’arbre ne tombe jamais loin du fruit (proverbe thaïlandais)
Au sortir de l’école, par amour, Nicolas compte fleurette, littéralement. Il se passionne pour les pistils, les pétales et autres bouquets. Il peut encore aujourd’hui en composer un à partir de quelques fleurs glanées dans le jardin. Animé d’une énergie sans limite, il enchaîne plusieurs années durant un travail de fleuriste et d’entretien des plantes. Acharné à la tâche, il se décide très vite à s’installer d’abord comme indépendant complémentaire puis à plein temps. Son entreprise de parcs et jardins naît en 2006. Deux stagiaires plus tard, il se lance totalement dans ses premières amours, les arbres. Il fait de son second étudiant un homme de sol, un gestionnaire hors pair de la cordée. Tandis qu’il acquiert lui la maîtrise des cimes, la compréhension de la taille, et surtout l’écoute des houppiers. Il devient pleinement « Nico l’arboriste ».
Il n’y a pas d’arbre qui n’ait senti la force du vent (proverbe indien)
Plusieurs années passent, l’envie est toujours présente mais de plus en plus gourmande. Nicolas veut plus, toujours plus. D’arboriste-grimpeur, il se fait spécialiste en aménagement extérieur, doit engager pour assurer les chantiers. La branche sur laquelle il se tient est malade ; elle plie sous le poids. Des événements privés et professionnels s’enchaînent en tempête. Rattrapé par la cordée, il glisse et tombe une deuxième fois, totalement saucé et sonné. Il tente l’éclaircie et reprend, toujours armé de son dynamisme, son baudrier. Il se concentre sur ce qu’il aime par-dessus tout, l’abattage-élagage. Sa remontée aux sommets est frappée en plein vol par le décès de sa maman ; son élagage n’a pas été assez précis, son pied lâche une troisième fois.
Un arbre tombe, plantes-en un autre
(proverbe birman)
Nicolas cependant a l’âme d’un grimpeur. Il reste par-dessus tout « Nico l’arboriste ». Des arbres récalcitrants, il en garde une partie et en crée ici une table, là un buffet. Autant de trophées des difficultés traversées. Autant de souvenirs de victoires passées. Sur ces bases, celui qui se dit avoir « une pète au casque » garde une confiance inébranlable en son métier. Il se rachète en 2018 du matériel et refait son stock de tronçonneuses, de cordages et de mousquetons. Depuis, le petit ket a adopté une taille raisonnée. Il se dit motivé par l’entretien du patrimoine arboré qui l’abrite et le protège depuis l’enfance. C’est sous ses ramures qu’il s’y sent le mieux. Et il lui rend de manière personnelle et professionnelle tout le soin et le suivi qu’il mérite.