J’ai rencontré François par hasard, via Instagram. Il avait commenté certains de mes clichés, du coup, par effet miroir, je suis allée voir ce qu’il faisait. Nous étions en mai. Nous nous sommes contactés et avions convenu de nous rencontrer, le temps d’un portrait. C’était sans compter sur nos agendas de ministres et sur notre côté « je voyage donc je suis » (surtout chez François). Finalement, rendez-vous est fixé avec ce « bookstagrameur » début octobre dans son parc favori à Bruxelles, le parc Ten Bosch, un endroit que j’apprécie vraiment beaucoup également. La journée était placée sous le signe de la découverte, d’abord celle d’un métier-passion dans l’air du temps, puis d’une personnalité peu commune.
Le livreur de mots qui n’aimait pas les livres
« Moi, j’aime pas lire ». Cette phrase, François aurait pu la prononcer toute son enfance et son adolescence. C’était sans compter sur une de ses professeurs. Lors de sa première année en communication en arts, cette dernière transmet sa passion dévorante pour la littérature aux rangs de sa classe, laissant François sous le choc.
Longtemps remisés avec ses cours en fin d’année parce qu’ils étaient synonymes d’évaluations et de contrôles, François a ainsi découvert, sous le coup de cette baguette magique et pédagogique, le goût des in-quarto.
Une passion, un coup de foudre
Un goût qui est vite devenu une passion, voire même une obsession. Il dévore désormais roman sur roman et en parle, évidemment. Il se retrouve quelque temps plus tard, lors de sa dernière année d’études, à devoir rédiger son TFE. Son thème était tout trouvé. Le jeune homme, très connecté, décide de parler des « BookTubeurs », qui parlent de livres et de leurs lectures sous formes de vidéos postées sur YouTube. François s’intéresse donc le temps de son mémoire à ces Bernard Pivot du XXIème siècle.
Ses amis lui glissent à l’oreille « Mais pourquoi tu ne le fais pas toi aussi? Tu aimes tellement ça! » Lui qui avait déjà rédigé « un dictionnaire amoureux des mots » se laisse peu à peu tenter. Le 18 mars de cette année, date exacte où il met un point final à son TFE, François lance un compte sur Instagram, sous le pseudonyme « Livraison de mots ». Comme un passage, une façon de se révéler.
Le Pantagruel des éditeurs
Très vite, le public est au rendez-vous. Les maisons d’édition aussi. Grandes et petites, leurs propositions de partenariat affluent. Quatre romans par semaine, deux heures minimum de lecture par jour, sans compter le temps passé à écrire sur les livres qu’il lit. Et celui à les mettre en scène. Le livreur de mots soigne ses publications sur les réseaux sociaux : au-delà du compte-rendu, il les fait poser, les photographie ; les livres sont comme des bijoux au sein d’une décoration choisie.
François se reconnaît un appétit de géant. Tout le passionne : fan de musique, il arpente les salles de concert comme d’autres les rayons d’un supermarché. Il avoue aussi une attirance pour les musées, les villes, les balades, l’architecture… Tout l’étonne, l’émerveille, l’intrigue. Le livreur de mots pose son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure comme un cadeau offert, voit à l’instar de Marcel Duchamps, l’art partout. Et s’il rêve un jour de devenir attaché de presse, on le remercie déjà de nous transmettre sa joie de lire. Et de vivre.