« Bonjour, Aline Assadourian, d’Alinessence. Pharmacienne de formation, savonnière par passion. » Deux phrases de présentation et tout est dit. Quand vous rencontrez Aline, vous savez que vous allez voyager entre deux terres. Celles des formulations pures, des Ph neutres et autres compositions magistrales mais aussi celles de l’amour du travail bien fait, du service impeccable et du feu sacré. Portrait d’une femme toute en équilibre entre la recherche et la production, l’apprentissage continu et le partage absolu.
Préparation magistrale
Aline certes est de Bruxelles. Mais, ou peut-être plutôt, parce qu’elle est de Bruxelles, Aline est davantage citoyenne du monde. Dans ses racines se mêlent l’Arménie chantée par Aznavour, l’Egypte et ses rives verdoyantes, la Grèce et ses mythes, Binche et sa belgitude. De son père touche-à-tout à l’esprit encyclopédique, elle cultive l’allant d’apprendre et une curiosité sans faille pour toutes les matières scientifiques. De sa mère pédopsychologue, passionnée par l’Art (peinture, théâtre), l’amour du beau et du bien à ses contemporains. Aline est certes une élève calme et douée. Elle aime aussi rigoler et s’amuser.
Aline affectionne son terrain de jeu original, Jette. Mais elle voit plus large et plus grand. Elle délaisse l’Athénée Royal pour un établissement bien plus peuplé. La découverte de Charles Janssens à Ixelles confirme en elle la curiosité des autres et l’ouverture d’esprit. C’est aussi sur les bancs de cette école qu’elle assoit son amour pour les sciences. Et qu’elle envisage une carrière dans ces matières.
Formulation testée
Sa maman l’oriente vers la pharmacie où elle pourra, pense-t-elle, trouver son compte. Elle entame son cursus à l’ULB. Un parcours marqué par un enseignement exigeant, des labos, des examens et les réjouissances estudiantines. Oui, Aline a le sens du labeur et de la fête. Sous le coup du découragement, elle envisage un temps le métier de chocolatière ou de nez. Mais Aline s’obstine. Elle s’acharne et finalement arrive au bout de son cursus.
Son mémoire de fin d’études l’emmène en Guinée Conakry. Son travail consiste à se procurer sur place les plantes locales conseillées par les guérisseurs pour soigner l’hypertension. Elle doit en extraire et déterminer les principes actifs, rechercher les noms latins et consigner leur possible efficacité. De cette expérience sur le terrain, Aline en retient à la fois la rigueur de la recherche mais aussi la passion des hypothèses. Au sortir de ses études, l’Université lui propose faire une thèse en microbiologie. « Impossible, cela sent trop mauvais. » Le nez avait parlé.
Composition naturelle
Ses premières armes, Aline les fait en pharmacie. A peine son diplôme en poche, la voilà engagée là où elle avait réalisé son stage. Elle saisit les opportunités pour évoluer dans des officines plus grandes, pour exercer davantage de responsabilités. Avec Olivier, qu’elle a rencontré lors de ses études, elle donne successivement naissance à Damien et Diane. Par facilité pour les enfants, elle cherche à se rapprocher de Jette, là où elle vit. Elle quitte la pharmacie du Centre Ville dont elle exerçait la gérance depuis 9 ans pour postuler chez Multipharma. La structure de cette grande chaîne de pharmacies répond à ses attentes. Bien plus qu’elle ne l’espère au départ. Non seulement, elle se rapproche de son domicile. Mais en plus, on lui propose de suivre un apprentissage pour assurer elle-même la formation de ses confrères. Cette formation est destinée à améliorer les connaissances des pharmaciens du groupe en dermocosmétique. Face à ce défi, Aline teste sa faculté de persuasion et ses facilités à faire passer un message. Elle se plonge de plus avec bonheur dans les compositions pour mieux comprendre comment tel et tel ingrédient sert à tel et tel problème de peau.
Son intérêt pour une autre cosmétique va croissant. Sa conscience écologique aussi. Celle qui à l’école ramenait déjà toutes les bouteilles plastique de la maison par le simple fait qu’il y avait là une bulle à plastique, s’interroge sur tout ce qui se glisse de peu durable derrière les indéchiffrables formulations.
Des produits aux valeurs thérapeutiques
En 2015, Aline décide de confectionner elle-même les savons pour sa famille. Ses recherches sur les huiles exploitables pour la saponification la font se tourner vers des fournisseurs aux cahiers de charge sévères.
Elle complète cette instruction de formations multiples auprès d’un fabricant d’huiles essentielles, Pranarom. Il s’agit du seul fabricant en Belgique à dispenser des formations scientifiques et reconnues sur le sujet. Cette approche de l’aromathérapie est véritablement ce qui la fait vibrer. Soigner par des alternatives efficaces les maux du quotidien lui parle plus que tout. Le côté olfactif, sensoriel des huiles essentielles lui ouvre des portes insoupçonnées. Elle qui rêvait de devenir nez se forme avec une experte en la matière, Patty Canac, aux notes de tête, de coeur et de fond en aromachologie.
Une production artisanale
De fil en aiguille, Aline envahit la maison de ses créations. Elle mélange, teste, améliore. Et distribue le fruit de son travail à sa famille, aux amis, jusqu’à ce que plusieurs d’entre eux la poussent à en faire commerce. Aline crée en 2017 Alinessence. Si elle poursuit son travail en pharmacie la semaine, elle consacre le week-end à ses savons. Débordée par son activité, elle décide d’en faire son activité principale en 2020.
L’année est marquée par une vraie confirmation de la qualité de ses produits. La crise sanitaire la rend indispensable au lavage des mains. Les clients se multiplient, que ce soit des particuliers ou des boutiques. Elle en profite aussi pour se déchaîner dans une frénésie de recherches. Nouveaux produits, nouvelles formules. Mais aussi au développement de la production pour passer à un niveau supérieur. Chaque test grandeur nature est l’occasion de nouvelles adaptations : forme des moules, nouvelles méthodes, nouvelles procédures… L’atelier d’Aline est un laboratoire en fusion permanente. Assistée d’Olivier, elle fait se mêler senteurs et textures pour en extraire tous les bienfaits.
Un partage d’expérience
Toute sa science, Aline la partage au quotidien. Notamment via ses ateliers qu’elle organise à Bruxelles et à Ittre. La formation à la dermocosmétique qu’elle avait organisée quelques années plus tôt l’avait assurée dans cet exercice délicat. D’une structure et d’une organisation exemplaire, Aline trouve facilement les mots pour faire passer l’apprentissage. Avec son groupe Facebook « Alinessence – Lifestyle », où se retrouvent notamment les participants aux ateliers, elle trouve le ton juste de l’appel à la conscientisation et les encouragements pour la création maison.
L’objectif d’Alinessence? Grandir, toujours, mais de belle façon. Tout d’abord en continuant sans cesse à marier avec plaisir les senteurs aux vertus. En associant avec finesse les essences aux textures. En proposant des produits à la fois écoresponsables sans renier ses valeurs d’élégance. Enfin, en associant au partage des connaissances et à l’amour du geste durable la volonté d’un monde meilleur et qui sente bon!