« Dorothée l’a fait », c’est tout d’abord une histoire d’amour. D’amour de la matière et de la couleur. Les créations de Dorothée transcrivent ce sentiment : en voyant une de ses fleurs portées par une inconnue lors d’un événement, j’ai été prise par l’envie de savoir qui se cachait derrière ces pétales iridescents. Deux mails et quelques coups de téléphone plus tard, rendez-vous est pris pour un portrait d’entrepreneur. La porte de son atelier s’ouvre et comme la lumière qui inonde la pièce en ce bel après-midi de février, l’évidence me saisit : j’ai en face de moi une passionnée. Son histoire ne me dément pas.
Elle le dit avec des fleurs
Etudiante en sérigraphie à la Cambre, Dorothée cherche son outil, son moyen d’expression. Le tissu l’attire : artiste teinturière pour un projet à la Fondation de la Tapisserie de Tournai, elle est ensuite assistante costumière à La Monnaie et foule les planches et les coulisses d’opéras un peu partout en Europe.
En 2010, la costumière décide de démarrer une formation de modiste. En tant que costumière, elle est entourée au quotidien d’artisans doués. Mais créer, par elle-même, reste son obsession. Lors de sa formation, Dorothée apprend à faire une fleur en tissu pour orner un chapeau. Une teinture et une coupe plus tard, elle se fait à l’idée d’une femme qui fait de la création de fleurs son quotidien. Le fantasme aurait pu passer. C’était sans compter sur le hasard qui toujours fait bien les choses. Un de ses collègues de la Monnaie remarque ses fleurs et lui lance : « Tu sais qu’une dame fait des fleurs comme ça à Schaerbeek? ».
Cueillir les roses de la vie
La dame en question, en fin de carrière, avait décidé de se séparer de tout son matériel : presse, moules, crochets… tout devait disparaître. Tout était à vendre. Dorothée acquiert l’ensemble et passe des heures avec leur ancienne propriétaire à la regarder oeuvrer. Assoiffée de savoir, elle poursuit son apprentissage dans la seule école en Europe qui forme à cette activité et y reçoit les enseignements de Dominique Pilliard. En pleine élaboration de sa fleur et tandis qu’elle me parle, elle m’avoue se poser toujours la question du « comment aurait-il fait? ».
Fleur bleue?
Dorothée s’approprie des techniques anciennes, les traduit, les sublime ; elle s’essaie aux teintures naturelles, crée son propre nuancier, tout en variantes et en subtilités. Et crée des objets légers et aériens, qui racontent une histoire, celle de l’amour du tissu et de la couleur.
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